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Jean-Claude Bélégou Chimères : NOS VOIX QUI SE SONT TUES 2020/2021

 

 

Terres inondées aux saisons pluvieuses et aux hautes marées, tout le long de l’estuaire, mélange vaseux de terre et d’eau, ces bas-fonds ne sont que vaguement hospitaliers pour l’homme et se présentent avec une platitude lugubre. Impraticables au cœur impénétrable.
Rien, il n’y a d’abord rien. On s’y enlise dans la plus profonde désolation.

Ce n’est que peu à peu que l’on découvre, non pas en leur cœur, mais sur leurs frontières, une certaine fertilité, terres impropres à l’agriculture mais non pas à engraisser et bonifier les troupeaux d’élevage à la saison sèche.

Sillonnées de canaux, et parfois d’écluses et de biefs, le saule, l’aulne, le frêne, le peuplier surgissent volontiers dans ce marais, telles des ponctuations sur cet horizon terne et morne, au milieu des roselières habitées de rats d’eau et jalonnées des passages des oiseaux migrateurs (guettés par quelques chasseurs dans leurs gabions).

On ne s’y déplace que chat botté les pieds dans le limon. Endiguements, comblements, polders, déviations du cours du fleuve les menacent et les rognent peu à peu.

Tirages jet d'encre pigmentaire 60 x 60 cm réalisés par l'artiste d'après clichés numériques.