Jean-Claude Bélégou Sorrow : SORROW 2019/2020
Je n'éprouve pas une passion pour la pratique systématique des anglicismes dans un certain milieu et les "save the date" d'artistes ou de galeries français me laissent songeur... Mais il se trouve que, tout comme Nevermore est le titre d'un poème de Verlaine, Sorrow est le titre d'une gravue de Van Gogh et d'une peinture d' Edwad Munch...
Sorrow n'est pas une série mais un cycle de cinq séries (Nordisches Licht, Morphologies, Aurores, Chiaroscuro, Vanitas vanitatum) dont seul un extrait est montré ici.
Sombres jours ou la lumière était étale de l'aube au crépuscule enveloppait les chairs à vif d'un lent linceul sans consistance, ou le temps demeurait imperceptible et sans vie, ou les âmes volaient d'un sommeil épuisé et tourmente. Sombres rêves agités en vain, dénués d'espoirs et d'avenir, n'attendant plus que la mort d'un chagrin épuisé. Sombres chairs sans sympathies ni chaleurs, à peine tièdes et frémissantes encore, indifférentes et insensibles.
On ne photographie que des corps, des apparences, des matières, et même si l'enjeu, à mon sens, et mon effort ont toujours été de faire de la photographie une image mentale une "cosa mentale" apte à rendre compte poétiquement des sentiments, de la subjectivité, des idées, des sensations, c'est-à-dire de notre seul rapport au monde... Bref tirer la photographie à rebours de ce pourquoi elle a d'abord été inventée, et ce qui demeure son uage dominant : capter la seule apparence extérieure.
Où commence l'âme où finit le corps? Interroge Flaubert à la suite de Spinoza. Ce n'est en tous les cas qu'en tentant de cerner au plus près les corps, la peau, la chair, que l'on peut imaginer approcher les âmes
Toujours le même coin de mur, le même lit, les mêmes couvertures militaires, les corps sous la lumière de la même fenêtre.
Tirages jet d'encre pigmentaire 60 x 60 cm réalisés par l'artiste d'après clichés numériques.