Les années 2000 et suivantes sont marquées par un retour à la photographie couleurs, que depuis les années 80 j'avais abandonnée pour des raisons essentiellement techniques, sachant que les techniques, ici comme ailleurs, conditionnent aussi l'esthétique et réciproquement. Changement de format de prise de vue, traitement numérique d'images argentiques, découverte de l'impression au jet d'encre mais aussi fréquentation plus que jamais assidue en ces années de la peinture davantage que de la photographie, déterminent ce tournant. C'est de nouveau le sentiment, éprouvé dans les années d'initiation, de découvrir la photographie, années d'enthousiasme après la longue dépression de la Gloire du Monde, et de donner libre cours à ce qui sera dès lors mon "colorisme" m'imposant plus que jamais, le choix des lieux, des décors, des étoffes, des couleurs des murs...
Ce qui me fascine alors est également cette extrême illusion de présence que procure le medium photographique et que la photographie couleurs, dont on pourrait dire qu'elle est au noir et blanc ce que la peinture est au dessin, accentue. Ce que j'appellerai évidence dans le titre de série l'Évidence du corps (dont les prises de vues ont été entrecroisées avec celles de ces paysages familiers) est avant tout celle que procure cette couleur à la photographie, à l'opposé d'une abstraction certaine du noir et blanc.
Mais aussi réappropriation du format carré, dont on ne dira jamais assez les spécificités, format qui avait été celui de mes débuts - le viseur de poitrine, que j'ai toujours affectionné (autre excellent exemple de conditionnement mutuel techniques/esthétique), était quant à lui déjà présent depuis 1981 sur mes boîtiers.
Les Paradis Perdu, Zones mais aussi Fugitives et l'Évidence du corps ont été ces séries de découverte de nouveau. >>>