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Jean-Claude Bélégou séries récentes : LES PROFESSIONNELS 2016

 

les professionnels

 

La série a été réalisée au cours du premier semestre 2016 en résidence d'artiste dans un lycée professionnel.

A la suite du travail réalisé pour ses séries Jachères en 1983 puis Zones en 2002 ma proposition "l'entrée des machines" était de poursuivre mes recherches sur l'univers industriel ainsi que sur le portrait.

D'une part de faire des portraits d'élèves dans les ateliers (industriels et tertiaires) dans lesquels ils reçoivent leur enseignement, d'autre part de photographier les lieux, les machines, les objets eux-mêmes.

"J’ai voulu les photographier comme de jeunes seigneurs, immobiles et suspendus un instant ; leurs palais sont d’acier, d’aluminium, de céramique, de verre, d’altuglass, et leurs armes de chalumeaux, de meuleuses, de tournevis et de pinces."

Projet soutenu par Ministère de la Culture et de la Communication, Direction Régionale des Affaires Culturelles de Normandie & le Ministère de l'Éducation Nationale, Académie de Rouen, Direction à l'Action Culturelle.

Tirages jet d'encre pigmentaire 60 x 60 cm réalisés par l'artiste d'après prises de vues numériques.

 

 

 

Depuis 2008, le ministère de la Culture et de la Communication conduit un programme d’éducation à l’image, intitulé “ Écritures de lumière ”, visant à encourager auprès des jeunes le développement de pratiques artistiques et culturelles en rapport avec la photographie. En Haute-Normandie, ce programme soutient des résidences de création et d’action culturelle d’artistes photographes en milieu scolaire et en structure éducative.

Chaque résidence met en oeuvre un partenariat entre un artiste photographe et le ou les établissements accueillant l’artiste pour un projet s’inscrivant dans la durée et comprend pour l’artiste la mise en oeuvre d’un projet artistique personnel associant les jeunes et  la proposition et l’accompagnement d’un certain nombre de projets d’éducation artistique et culturelle.

C’est dans ce cadre qu'un lycée professionnel a accueilli entre janvier et mai le projet que Jean-Claude Bélégou avait proposé à la Direction Régionale des Affaires Culturelles « l’entrée des machines ».

« Il m’était arrivé, déclare Jean-Claude Bélégou, par occasions de visiter des ateliers de lycées techniques, notamment ceux des Lycées Jules Siegfried et du Lycée Robert Schumann au Havre. Non seulement j’avais pu y voir des ateliers d’usine à peine miniaturisés mais aussi des lieux où les élèves de Technique, réputés parfois difficiles, en tous cas souvent dévalorisés par rapport à leurs camarades (comme l’est en général le travail manuel par rapport au travail intellectuel dans notre culture), faisaient là preuve d’une discipline, d’une concentration, d’une motivation étonnantes. Ils étaient dans leur univers, soucieux d’efficacité et de précision.

Je suis né, j’ai grandi dans ce paysage mi-urbain, mi-industriel de l’époque où les usines étaient encore dans les villes, cette implantation dans les faubourgs d’avant les grandes zones industrielles, celui des années 50. Ce paysage, qui certes n’a rien ni de bucolique, ni de romantique, m’a toujours fasciné. Nous habitions avec mes parents au Havre dans le quartier Massillon un deux pièces. Une fenêtre, celle de la cuisine, donnait sur le dépôt de chemin de fer où sans répit les locomotives fumaient et haletaient,  la deuxième fenêtre, celle de la chambre, ouvrait sur une scierie industrielle. Il n’y avait que ces deux pièces. Les promenades familiales du dimanche que nous faisions à pieds, mes parents, ma sœur et moi, j’avais alors huit ans, au début des années 60 étaient des déambulations sur le port du Havre. Ces sorties du dimanche étaient des moments de joie et de rêve. »

Ainsi Jean-Claude Bélégou avait au début des années 2000 conduit un travail de paysage sur les zones industrielles et portuaires du Havre et de Rouen, série baptisée, en Hommage à Guillaume Apollinaire « Zones » et dont plusieurs photographies figurent dans les collections du Fonds Régional de Haute-Normandie.

C’est finalement non seulement les élèves des sections industrielles et les ateliers eux-mêmes (baccalauréat professionnel technicien d’usinage industriel, électrotechnique, technicien en chaudronnerie industrielle, maintenance en équipements industriels, BTS maintenance des systèmes industriels) avec lesquels Jean-Claude Bélégou a oeuvré mais aussi les sections tertiaires (CAP Service Hôtelier et Agent Polyvalent de Restauration, bacs pro Gestion Administration).

« Bien sûr, au bout de cinq mille ans de représentation du corps et du visage humain, on ne peut faire de portraits, dans la grande tradition de la figure posée, sans penser aux Titiens, aux Ingres, aux Rembrandt, aux Holbein… Et j’ai eu constamment ces fantômes de Seigneurs et de Princes, de Duchesses et de Ménines, flottant dans ma tête. De même que l’on ne peut photographier un cuisinier sans penser à la célèbre photographie de August Sander en 1929 ou faire poser sans que ne revienne, plus ou moins consciemment, ces daguerréotypes aux longues poses immobiles, hiératiques et solennelles.

J’ai voulu les photographier comme de jeunes seigneurs, immobiles et suspendus un instant ; leurs palais sont d’acier, d’aluminium, de céramique, de verre, d’altuglass, et leurs armes de chalumeaux, de meuleuses, de tournevis et de pinces.

Et j’ai été surpris de leur capacité, leur aptitude à incarner un moment ces figures majestueuses. Toutes ces prises de vues se sont faites immédiatement vite et bien, comme si tout cela, de part et d’autre, était depuis longtemps dessiné et destiné d’avance. » déclare encore Jean-Claude Bélégou.

Il a mené de front un travail d’initiation à la photographie, auprès des élèves (les amenant à chercher la précision des cadrages, lumières, points de vues en explorant leurs lieux de vie) et un travail de portrait d’élèves volontaires qu’il a mis en scène en situation dans leurs ateliers, photographiant également les lieux eux-mêmes.

Jean-Claude Bélégou tient à remercier toutes les personnes, élèves, enseignants, personnels de direction, Ministères, qui dans un même élan, ont permis à cette entreprise monumentale d’aboutir.

 

 

ÉCRITURES DE LUMIÈRE

Soutenu par le Ministère de la Culture et de la Communication, Direction Régionale des Affaires Culturelles de Normandie ;

& le Ministère de l’Éducation Nationale, Académie de Rouen,
Direction à l’Action Culturelle.