Jean-Claude Bélégou deuil et mélancolie VARIATIONS (1980/1982)
Magie de l'image photographique dans la chambre noire, et de la chambre noire elle-même, sublime montée des gris et des noirs dans le révélateur, lente et fascinante révélation de l'image, la série est un travail expérimental s'inspirant de, et tentant de reconstituer, cette apparition/disparition du réel et de son double. Elle se construit également autour de la répétition de mêmes tirages inversés donnant lieu à des géométries et des perspectives illusoires.
Les originaux sont au format 60 x 80 cm associant deux lignes de Variations en registre superposé. Répétant la même image ou une séquence de prises de vues dans des variations d'exposition ou de développement au tirage, Il s'agit de tirages noir et blanc contrecollés sur carton.
Expériences sur le devenir et l'effacement de l'image latente et manifeste, les photographies font partie d'un abondant travail de prise de vues ces années sur les friches et les quartiers industriels.
Galerie Déclinaisons, Rouen ; Bibliothèque Municipale, Caen ; Musée Des Beaux Arts, Évreux ; Musée Des Beaux Arts, Le Havre ; Centre Culturel, Troyes ; Musée Des Beaux Arts, La Roche Sur Yon.
tirages argentiques de formats divers réalisés par l'artiste et montés sur carton 60 x 80 cm.VARIATIONS est un travail utilisant le matériel constitué par des prises de vues dans des lieux industriels à l'abandon (Gare Maritime, Filatures, Usines de pâte à papier, etc.) demeurés tels qu'ayant brusquement cessé toute activité (les horaires sont encore affichés, les vestiaires abritent encore quelques vêtements, les bureaux quelques registres..) et dans le même temps dégradés. Je me suis surtout intéressés à ces matières de dégradation, à ces signes de mort en même temps qu'aux perspectives immenses de ces grands entrepôts. Les fenêtres ont comme toujours dans mon univers (de manière conflictuelle claustrophobe) retenu particulièrement mon attention, partiellement brisées, toujours maculées, leur transparence coutumière qui les faisait oublier a cédé le pas à un présence opaque et demi-close.
En chambre noire, j'ai travaillé sur des apparitions contrôlées (soit par l'insolation du papier à l'agrandisseur, soit par le degré du développement dans le révélateur) de l'image, désirant rendre manifeste le passage de l'image latente, le presque blanc, à l'image manifeste jusqu'à l'obscurcissement total, le "noir limite".
Inversant également certaines de ces photographies, j'ai constitué au collage de fausses perspectives répétant un même négatif tiré en plusieurs sens ou en des valeurs différentes.
"(...)Jean-Claude Bélégou déploie lentement l'éventail de raies de lumières dans des lieux qu'il connaît seul. Ses répétitions d'images en juxtaposition ou inversées nous ramènent à l'espace fictif de la photographie.."
Catherine Grout, Sol/Mur, Flash Art International n°4, 1984.
"Le thème choisi, l'ampleur de l'exposition (une trentaine d'artistes dans 7 lieux différents) pouvaient conduire au pire : l'accumulation éclectique, factice comme dans l'exécrable exposition Sols du Centre National des Arts Graphiques. Or, c'est tout le contraire ici : un travail réfléchi, rigoureux. Une homogénéité facilitée certes par l'unité du médium photographique. (...)
Jean-Claude Bélégou par le jeu des multiples, des variations d'exposition, des inversions, construit des espaces sans référent, sans précédent..."
Régis Durand, sols/murs Art Press n°83, 1984.